La culture physique et le rapport de force démocratique et populaire

L’exemple le plus frappant de cette volonté démocratique nous vient du précurseur et père fondateur de la culture physique, le dénommée Hippolyte Triat. «En février 1848, Triat accueille favorable l’avènement de la République. Quelques jours seulement après la chute de la monarchie de Juillet, Triat et Dally soumettent aux autorités un projet de réforme de l’éducation. En effet selon les deux associés, l’éducation publique a été faussée; elle fut presque toujours exclusivement intellectuelle ou nulle. L’éducation publique, pour être vraie doit être complète, elle doit embrasser l’homme tout entier : Éducation des facultés du corps, Éducation des facultés de l’esprit, Éducation sociale et professionnelle. La gymnastique de la République doit être savante, puissante et solennelle, comme sa régénération sociale. Cette gymnastique n’est encore professée qu’au Gymnase central de l’allée de Veuves, par le citoyen Triat de Nîmes qui, par des exercices rationnels, peut reconstituer physiologiquement des masses d’individus de tout âge, à la fois. En attendant la formation de ce nouveau et grand ministère, Triat et Dally demandent qu’une « division spéciale de l’éducation physique » soit constituée au ministère de l’Instruction publique afin de réaliser immédiatement l’introduction de « la gymnastique rationnelle dans toutes les écoles et les pensionnats de l’un et l’autre sexe, ainsi que dans tous les centres de population, de manière à préparer, en même temps que la régénération sociale, la régénération physiologique de tout le Peuple français » Ainsi, ils demandent l’ouverture immédiate d’un vaste gymnase dans chaque arrondissement de Paris. « Ces gymnases seront en même temps les lieux des assemblées et des fêtes du peuple » Enfin, les deux hommes se déclarent prêts à aider gratuitement le gouvernement, à lui apporter les bénéfices de leur expérience, « pour la prompte réalisation de cette grande institution hygiénique, sociale et républicaine ». Aussi, afin de « favoriser le rétablissement de la santé publique » et de préparer « le développement physiologique intégral de l’homme et de ses aptitudes naturelles », les deux signataires demandent la formation d’un ministère de l’Éducation publique, qui envisagerait à la fois l’éducation physique, l’éducation intellectuelle et l’éducation professionnelle et sociale. » Toutes ces incartades révolutionnaires vont lui coûter très cher: emprisonnement et gommage complet de sa contribution a l’histoire de la culture physique. Voici un hommage à ce grand monsieur qui fut le précurseur d’une gymnastique hygiénique au service de tous. Cette volonté d’émancipation des classes populaires va se consolider avec plus ou moins de réussite pour aboutir à la situation actuelle. Au XXe siècle, les classes populaires grâce à des luttes et des conquêtes sociales ont réussi à imposer leur propre point de vue. Elles ont obtenu des acquis incroyables comme le régime général des retraites, le code du travail et la sécurité sociale qui ont sorti les enfants de l’industrie, donné des droits aux femmes, limité le temps de travail, en bref, qui ont augmenté la qualité de vie, y compris dans le domaine de l’éducation motrice qui jusqu’à lors était la chasse gardée d’une élite et de l’aristocratie. Le corps pour les masse n’est plus vu comme un simple outil de production . Toutes ces réalisations sur le plan social ont transformé le regard sur l’hygiène, le bien-être et la santé. Acquis aujourd’hui a nouveau menacés par l’évolution très libérale de nos sociétés avec les conséquences que l’on imagine sur l’éducation physique. « Les enfants d’aujourd’hui font moins d’activité physique que leurs aînés, ce qui entraîne des risques cardiaques. Les parents doivent se montrer vigilants. » « Le constat est sans appel, les enfants de 2019 passent de moins en moins de temps à l’extérieur. Mais surtout ils jouent moins par eux-mêmes dans des « jeux libres ». Ce phénomène qui date depuis une génération à peine inquiète, certains spécialistes qualifient cela du terme de « déficit nature ». Les bienfaits d’un contact fréquent avec la nature sur le développement des jeunes enfant ne sont pourtant plus à prouver comme en témoignent de nombreuses études et recherches sur la question. »