Les hygiéniste et les Naturopathes précurseurs de la Culture Physique.
- Carlos Perez
- 27 avr. 2020
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Galien renforcera la vision préventive et hygiénique de la Culture Physique de son prédécesseur Hippocrate «C’est à travers l’oeuvre de Galien, médecin grec né à Pergame en 131, attaché au service de l’empereur Marc-Aurèle, que la science hippocratique trouva à se perpétuer dans la culture occidentale. La théorie des humeurs qui est au centre du galénisme dominera la science médicale jusqu’à la Renaissance, jusqu’à l’avènement de la conception mécaniste du corps qui se fait jour à partir du XVIe siècle . Selon cette théorie, la maladie est due à une altération des quatre humeurs constitutives du corps: le sang, le phlègme, la bile et l’atrabile. La santé ne peut être conçue que comme une exis, un équilibre des humeurs que tout excès, dont celui qui consiste en un exercice trop intense ou trop soutenu, vient perturber.
Dans la grande tradition analytique de la science grecque, Galien divise en espèces et en sous-espèces les exercices physiques selon le mouvement qui en découle. Négligeant la distinction hippocratique entre exercices forcés et naturels, il préfère les classifier selon leur caractère actif ou passif. Se déplacer en char ou pour l’enfant se faire bercer par une nourrice figurent parmi les exercices passifs. Les exercices actifs sont regroupés en trois catégories: les uns exigent de la force, les autres de la rapidité, les derniers, enfin, sont violents. Galien est le premier à avoir étudié en détails l’effet sur les muscles, les nerfs et les organes des exercices actifs. La transpiration accompagnant l’activité physique maintient «les pores et conduits du corps ouverts», permettant l’évaporation des «superfluidités» présentes dans le corps. Et puisqu’il s’agit d’aider à préserver une bonne exis du corps, Galien préconise des exercices symétriques pour éviter le développement unilatéral des membres ou des organes.
Galien s’est taillé une place à côté d’ Euripide dans la petite histoire du sport, par ses diatribes virulentes contre les nouveaux athlètes professionnels qui ont envahi les enceintes des compétitions sacrées . Ces athlètes, clame Galien, sont devenus des «brutes au sang épaissi par l’effort»; «leur âme est comme noyée dans un vaste bourbier; elle ne peut avoir aucune pensée». Il dénonce avec la même âpreté l’emprise des pédotribes sur la formation athlétique de la jeunesse grecque. Leur ignorance de la science médicale, nous dit Galien, les rend inaptes à déterminer les exercices appropriés à chaque individu. La médecine revendique désormais pour elle seule un pan entier de la gymnastique, une gymnastique préventive et thérapeutique qui s’intéresse avant tout au maintien et au rétablissement de la santé. Ce cloisonnement des compétences, cette spécialisation du savoir accompagnent la dissolution de l’éducation générale en champs étanches d’enseignement, entamée dès le Ve siècle av. J.-C. par les sophistes et qui culminera avec le triomphe de la rhétorique sous l’empire romain. »

Mercurialis vulgarisa toutes ces techniques empiriques de soins physiques et hygiéniques dans son traité de Arte Gymnastica qui inscrira pour les générations futures, les fondamentaux de la Culture physique, repris par la suite par Hypolite Triat, Edmond Desbonnet et le fondateur de la Naturopathie Française Pierre Valentin Marchesseau, Père de la Biokinesie méthode et technique motrice holistique inspirée de la culture physique, Marchesseau qui a fait siennes d’ailleurs. La maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » attribuée à Lavoisier.

« Une des planches du De Arte Gymnastica (1569) représente clairement des athlètes portant des poids (plumbum, tabula plumbum : plomb, plaque de plomb) et réalisant de la musculation avec ces outils. Un des chapitres de l’ouvrage s’intitule, par ailleurs, explicitement : De disco et halteribus (Du disque et des haltères).
Pour Mercurialis, il s’agit par le biais de la gymnastique de transformer profondément la nature biologique de l’Homme. Bien sûr, Mercurialis ne peut remettre totalement en cause, de ce point de vue, l’ensemble des acquis de la période antique. On ne sera donc pas surpris qu’il s’appuie, avant toute chose, sur les travaux de Galien. Pourtant, ce qui est novateur dans son œuvre, c’est la volonté d’utiliser, pour tous les êtres humains, une pratique prophylactique ou hygiénique (conservativa) de l’exercice « gratuit », c’est-à-dire non nécessairement laborieux ou militaire. La gymnastique est, en tout état de cause, décrite comme l’un des piliers de la science médicale :
« La gymnastique qui a pour but cela et qui fait partie de la science médicale a comme idée première que l’homme avec l’aide d’un exercice régulier acquerra la santé et la conservera formant ainsi une constitution robuste » (Mercurialis, 1573, p. 16, je traduis librement). C’est bien dans cette perspective que Hippolyte , Desbonnet et Sandow développeront initialement le culturisme et le body-building.
Les anciens d’Hippocrate à Avicenne en passant par Homère, Hérodote, Aristote, Lucrèce, Pline, Tertullien ou Sénèque (Mercurialis cite plus de 120 références qu’il a probablement étudiées à la bibliothèque de Rome grâce à l’aide du cardinal Farnèse son protecteur, tout comme il le fut d’artistes comme Le Greco), ne sont pas tant là pour le type de connaissance précise, scientifique qu’ils ont apportée, que pour servir de base à une taxonomie la plus exhaustive possible, d’exercices supposés hygiéniques et curatifs. Mercurialis peut donc éliminer, sans scrupule, des contenus d’une gymnastique hygiénique tous les exercices dits athlétiques (qui n’avaient pour but que l’acquisition d’une force exceptionnelle : finalement ce qui correspondrait aux champions actuels et au sport moderne voire aux body-builders), mais aussi les exercices militaires qui ne peuvent véritablement trouver d’application que dans le domaine qui leur est propre.
Les livres IV à VI du De Arte Gymnastica évoquent donc avant tout les exercices les mieux adaptés à l’entretien ou à l’amélioration de la santé. La gymnastique, dans cette perspective, devient une sorte de médicament, de panacée pour bien-portants ou pour convalescents. Et c’est sans doute ce qui fait de Mercurialis un homme de la modernité. Il ne se contente plus de voir Dieu rappeler les hommes à lui quand il le désire, mais il veut en quelque sorte transformer le plan divin en agissant sur l’homme de manière préventive. On notera que d’autres feront ailleurs des propositions similaires. Tel est le cas en France, de Jérôme de Monteux de Mérybel, médecin montpelliérain (Commentaire de la conservation de la santé et de la prolongation de la vie, 1559). Aucun, cependant, n’atteindra à une telle exhaustivité. Aucun non plus ne saura aussi bien s’appuyer sur des textes antiques (parfois inédits pour la période) pour s’en distancier et participer à la création d’un nouveau monde épistémologique où l’Homme cherchera de plus en plus à se fabriquer lui-même (« body- buiding » au sens littéral). Mercurialis se réfère explicitement (Mercurialis, 1569, p. 126) à Guillaume du Choul (1496-1560) »
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